Puiser à la source de la mission
Cette mission commence par nous laisser imprégner de la présence du Christ.
Dans le Saint Sacrement, le Christ se rend réellement présent au milieu de nous pour nous remplir de sa présence.
De grandes figures missionnaires du XXème siècle, comme le Bx Charles de Foucauld,
ont souligné l’importance de l’adoration Eucharistique pour la mission et l’Evangélisation.
Madeleine Delbrêl écrivait en 1946 :
« Partout où, dans les églises, il y a eu des adorateurs « en esprit et en vérité » […],
la grâce a bousculé des âmes et le monde a tressailli […]. »
Venons adorer pour répandre à notre tour la présence du Christ dans notre monde.
Présentation du Père Florian Racine
(modérateur de l’association cléricale des “Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie”
pour promouvoir l’adoration eucharistique perpétuelle dans les paroisses : www.adoperp.fr)
« J’adore le chocolat, le rugby, mon chien, mes petits-enfants » !
Nous utilisons le verbe « adorer » aujourd’hui pour tout et n’importe quoi. Déjà, au temps de Moïse, le peuple hébreu avait adoré le veau d’or (Ex 32, 4). Or Dieu venait de graver sur les tables de la Loi les Dix commandements que Jésus résume ainsi: « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit; et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lc 10, 27).
Ainsi, Dieu seul mérite notre adoration.
Qu'est-ce que l'eucharistie ?
L’Eucharistie est le don que Jésus-Christ nous fait de son Corps, de son Sang, de son Âme et de sa Divinité sous les apparences du pain et du vin. Il s’offre à nous à chaque messe. Il se donne en nourriture dans la communion. Il reste avec nous en personne au tabernacle dans le Saint Sacrement. Dans l’Hostie consacrée, Jésus voile sa gloire infinie, sa beauté et sa majesté divine pour que nous l’approchions dans la foi et que nous l’aimions pour lui-même.
D’où vient l’Eucharistie ?
Juste avant de mourir sur la croix, Jésus « aima les siens jusqu’au bout » (Jn 13, 1) en « donnant sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).
Au cours d’un repas, Jésus célèbre d’abord la Pâque selon la tradition juive faisant mémoire de l’action libératrice de Dieu pour son peuple. Mais ensuite, Jésus rend grâce à Dieu pour une nouvelle action libératrice qu’il va accomplir en son corps livré sur la croix et son sang versé par amour.
Par sa mort et sa résurrection, l’amour et la vie divine triompheront de la haine et la mort humaines. Prenant du pain et du vin, il s’adresse aux disciples ainsi : « Ceci est mon Corps livré pour vous. Ce calice est la Nouvelle Alliance en mon Sang ». Il leur confie en même temps la mission de redire et de refaire toujours de nouveau en sa mémoire ce qu’il est en train de dire et de faire en ce moment. C’est ce que l’Église fait à chaque messe dans toutes les paroisses du monde. Ainsi le salut mérité par Jésus sur la Croix est rendu présent dans la vie de ceux qui s’approchent de l’Eucharistie.
Comme le blé est moulu pour devenir du pain, Jésus a laissé son corps être flagellé, crucifié, transpercé pour devenir le«pain vivant descendu du ciel» (Jn 6, 51), pain de la vie éternelle, nourriture des chrétiens, force des croyants, source d’eau vive, réconfort des malades et chemin vers le Père.
Qu’est ce que le SaintSacrement ?
Le Saint-Sacrement est la Réserve eucharistique, conservée d’abord pour les malades et les mourants. Peu à peu, cette Réserve va devenir l’objet légitime de l’adoration des fidèles. Il faut donc distinguer le «Saint-Sacrement» (Réserve, Adoration) de la Messe, appelée aussi «Eucharistie».
Qu’est ce que l’adoration eucharistique ou adoration du Saint-Sacrement ?
« L’adoration eucharistique n’est rien d’autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d’adoration de l’Église »[1]. Dans le tabernacle, Jésus est présent dans sa grande adoration du Père à laquelle il veut tous nous associer. Jésus laisse sa grande adoration à son Église… L’adoration, c’est offrir ce qu’on a de meilleur au Père, c’est se remettre à Jésus et avec Jésus au Père. Saint Pierre‐Julien Eymard écrit: « L’adoration a pour objet la divine personne de notre Seigneur Jésus-Christ présent au Saint Sacrement. Il est vivant, il veut que nous lui parlions, il nous parlera. Et ce colloque, qui s’établit entre l’âme et notre Seigneur, c’est la vraie méditation eucharistique, c’est l’adoration. Heureuse l’âme qui sait trouver Jésus en l’Eucharistie, et en l’Eucharistie toutes choses… »
Les deux étymologies du mot adoration
« Le mot grec est proskynesis. Il signifie le geste de la soumission, la reconnaissance de Dieu comme notre vraie mesure. Il signifie que liberté ne veut pas dire jouir de la vie, se croire absolument autonomes, mais s’orienter selon la mesure de la vérité et du bien, pour devenir de cette façon, nous aussi, vrais et bons… Le mot latin pour adoration est ad-oratio - contact bouche-à-bouche, baiser, accolade - donc en définitive amour. La soumission devient union, parce que celui auquel nous nous soumettons est Amour»[2].
Jésus a soif d’être aimé et adoré au Saint-‐Sacrement !
Après avoir été couronné d’épines, flagellé et défiguré, Jésus est devenu l’opprobre du peuple: « Iln’avait même plus l’apparence humaine » (Is 52, 14). De même ici au Saint Sacrement, « sans beauté ni majesté extérieures pour attirer l’œil humain » (Is 53, 3), Il est couronné d’indifférence, de mépris et si souvent ignoré, comme s’Il n’était pas là, comme s’Il n’avait pas un cœur battant d’amour pour nous. Pourtant au-delà des humbles espèces de la Sainte Hostie, c’est vraiment Jésus en personne, qui nous attend en répétant son appel incessant : « Ne pouvez-vous pas veiller une heure avec moi ? » (Mt 26, 40)
L’adoration chez les saints
Les saints n’ont jamais manqué de se retrouver au pied du tabernacle pour prier: « Notre Seigneur est au ciel. Il est aussi dans son tabernacle. Quel bonheur ! » s’exclamait le saint Curé d’Ars. Plus près de nous, Mère Teresa de Calcutta donnait ce témoignage: « Notre règle ordonnait, jusqu’en 1973, une heure d’adoration par semaine devant le Saint-Sacrement… Nous avons beaucoup à faire vu que nos maisons pour les lépreux, les malades, les enfants abandonnés sont toujours au complet. Néanmoins, nous maintenons fidèlement notre heure quotidienne d’adoration. Eh bien ! depuis que nous avons introduit cette modification dans notre emploi du temps, notre amour pour Jésus est devenu plus intime, plus éclairé. Notre amour réciproque est plus compréhensif, il règne entre nous une entente plus affectueuse, nous aimons davantage nos pauvres et, chose encore plus surprenante, le nombre des vocations a doublé chez nous… »
« Comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour devant le Christ présent dans le Saint Sacrement? Bien des fois, chers frères et soeurs, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » [3] .
Comment adorer le Saint-‐Sacrement ?
« L’adoration eucharistique, c’est être là, comme une fleur devant son Soleil. Si vous saviez quel est Celui qui vous regarde à travers ces voiles… Ne faites rien, n’importe ! Une vertu sortira de lui…» (Marie-Thérèse Dubouché).
L’adoration eucharistique ne consiste pas d’abord à « aimer beaucoup » mais plutôt à « se laisser beaucoup aimer », surtout dans nos pauvretés et fragilités. C’est le secret de l’adoration. Laissons le Christ continuer en nous son oeuvre de guérison et de sanctification. Il vient, non pas pour recevoir nos mérites et nos vertus, mais pour sauver et relever ce qui est blessé en nous…
Il n’y a pas de méthode type pour adorer, car l’adoration approfondit notre relation personnelle avec Jésus et aucune méthode ne peut provoquer l’amour. Pendant notre adoration, nous pouvons nous aider d’un livre de prière, méditer la Bible, prier le chapelet. Mais le plus important est le silence d’un cœur à cœur avec Jésus. Il se peut que nous soyons si fatigués que nous ne voulions rien faire si ce n’est de nous reposer dans le Seigneur en ressentant la douce paix qui provient du simple fait d’être en présence de celui qui nous aime le plus, Jésus au Saint-‐Sacrement, qui dit: « De toute votre inquiétude déchargez-vous sur le Seigneur, car il prend soin de vous. C’est ma paix que je vous donne » (1 P 5, 7; Jn 14, 27).
Texte du Père Florian Racine (www.adoperp.fr)
[2] Benoît XVI, JMJ, Marienfeld, Cologne, 2005
[3] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, n°25
[4] Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 1996.