L’adoration du Saint-Sacrement
«Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton Ăąme, de toute ta force et de tout ton esprit; et tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme» (Lc 10, 27)

Puiser Ă  la source de la mission

Par notre baptĂȘme, nous sommes envoyĂ©s porter l’Evangile au monde.
Cette mission commence par nous laisser imprégner de la présence du Christ.

Dans le Saint Sacrement, le Christ se rend réellement présent au milieu de nous pour nous remplir de sa présence.
De grandes figures missionnaires du XXĂšme siĂšcle, comme le Bx Charles de Foucauld,
ont soulignĂ© l’importance de l’adoration Eucharistique pour la mission et l’EvangĂ©lisation.

Madeleine DelbrĂȘl Ă©crivait en 1946 :
« Partout oĂč, dans les Ă©glises, il y a eu des adorateurs « en esprit et en vĂ©ritĂ© » [
],
la grĂące a bousculĂ© des Ăąmes et le monde a tressailli [
]. »
Venons adorer pour répandre à notre tour la présence du Christ dans notre monde.
+ PĂšre Olivier LEBOUTEUX
Curé des paroisses Saint-Saturnin et Saint-Maxime

Présentation du PÚre Florian Racine
(modĂ©rateur de l’association clĂ©ricale des “Missionnaires de la TrĂšs Sainte Eucharistie”
pour promouvoir l’adoration eucharistique perpĂ©tuelle dans les paroisses : www.adoperp.fr)

« J’adore le chocolat, le rugby, mon chien, mes petits-­enfants » !

Nous utilisons le verbe « adorer » aujourd’hui pour tout et n’importe quoi. DĂ©jĂ , au temps de MoĂŻse, le peuple hĂ©breu avait adorĂ© le veau d’or (Ex 32, 4). Or Dieu venait de graver sur les tables de la Loi les Dix commandements que JĂ©sus rĂ©sume ainsi: « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton Ăąme, de toute ta force et de tout ton esprit; et tu aimeras ton prochain comme toi-­mĂȘme » (Lc 10, 27).

Ainsi, Dieu seul mérite notre adoration.

Qu'est-ce que l'eucharistie ?

L’Eucharistie est le don que JĂ©sus-­Christ nous fait de son Corps, de son Sang, de son Âme et de sa DivinitĂ© sous les apparences du pain et du vin. Il s’offre Ă  nous Ă  chaque messe. Il se donne en nourriture dans la communion. Il reste avec nous en personne au tabernacle dans le Saint Sacrement. Dans l’Hostie consacrĂ©e, JĂ©sus voile sa gloire infinie, sa beautĂ© et sa majestĂ© divine pour que nous l’approchions dans la foi et que nous l’aimions pour lui-­mĂȘme.

D’oĂč vient l’Eucharistie ?

Juste avant de mourir sur la croix, JĂ©sus « aima les siens jusqu’au bout » (Jn 13, 1) en « donnant sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).

Au cours d’un repas, JĂ©sus cĂ©lĂšbre d’abord la PĂąque selon la tradition juive faisant mĂ©moire de l’action libĂ©ratrice de Dieu pour son peuple. Mais ensuite, JĂ©sus rend grĂące Ă  Dieu pour une nouvelle action libĂ©ratrice qu’il va accomplir en son corps livrĂ© sur la croix et son sang versĂ© par amour.

Par sa mort et sa rĂ©surrection, l’amour et la vie divine triompheront de la haine et la mort humaines. Prenant du pain et du vin, il s’adresse aux disciples ainsi : « Ceci est mon Corps livrĂ© pour vous. Ce calice est la Nouvelle Alliance en mon Sang ». Il leur confie en mĂȘme temps la mission de redire et de refaire toujours de nouveau en sa mĂ©moire ce qu’il est en train de dire et de faire en ce moment. C’est ce que l’Église fait Ă  chaque messe dans toutes les paroisses du monde. Ainsi le salut mĂ©ritĂ© par JĂ©sus sur la Croix est rendu prĂ©sent dans la vie de ceux qui s’approchent de l’Eucharistie.

Comme le blĂ© est moulu pour devenir du pain, JĂ©sus a laissĂ© son corps ĂȘtre flagellĂ©, crucifiĂ©, transpercĂ© pour devenir le«pain vivant descendu du ciel» (Jn 6, 51), pain de la vie Ă©ternelle, nourriture des chrĂ©tiens, force des croyants, source d’eau vive, rĂ©confort des malades et chemin vers le PĂšre.

Qu’est ce que le Saint­Sacrement ?

Le Saint-­Sacrement est la RĂ©serve eucharistique, conservĂ©e d’abord pour les malades et les mourants. Peu Ă  peu,  cette  RĂ©serve  va  devenir  l’objet  lĂ©gitime  de  l’adoration  des  fidĂšles.  Il  faut  donc  distinguer  le  «Saint-­Sacrement» (RĂ©serve, Adoration) de la Messe, appelĂ©e aussi «Eucharistie».

Qu’est ce que l’adoration eucharistique ou adoration du Saint-­Sacrement ?

« L’adoration eucharistique n’est rien d’autre que le dĂ©veloppement explicite de la cĂ©lĂ©bration eucharistique, qui est en elle-­mĂȘme le plus grand acte d’adoration de l’Église »[1]. Dans le tabernacle, JĂ©sus est prĂ©sent dans sa grande adoration du PĂšre Ă  laquelle il veut tous nous associer. JĂ©sus laisse sa grande adoration Ă  son Église… L’adoration, c’est offrir ce qu’on a de meilleur au PĂšre, c’est se remettre Ă  JĂ©sus et avec JĂ©sus au PĂšre. Saint Pierre­‐Julien Eymard Ă©crit: « L’adoration a pour objet la divine personne de notre Seigneur JĂ©sus-­Christ prĂ©sent au Saint Sacrement. Il est vivant, il veut que nous lui parlions, il nous parlera. Et ce colloque, qui s’établit entre l’ñme et notre Seigneur, c’est la vraie mĂ©ditation eucharistique, c’est l’adoration. Heureuse l’ñme qui sait trouver JĂ©sus en l’Eucharistie, et en l’Eucharistie toutes choses… »

Les deux étymologies du mot adoration

« Le mot grec est proskynesis. Il signifie le geste de la soumission, la reconnaissance de Dieu comme notre vraie mesure. Il signifie que libertĂ© ne veut pas dire jouir de la vie, se croire absolument autonomes, mais s’orienter selon la mesure de la vĂ©ritĂ© et du bien, pour devenir de cette façon, nous aussi, vrais et bons… Le mot  latin  pour  adoration  est  ad-­oratio  -­ contact  bouche-­à-­bouche,  baiser,  accolade -­ donc  en  dĂ©finitive amour. La soumission devient union, parce que celui auquel nous nous soumettons est Amour»[2].

JĂ©sus a soif d’ĂȘtre aimĂ© et adorĂ© au Saint-­‐Sacrement !

AprĂšs avoir Ă©tĂ© couronnĂ© d’épines, flagellĂ© et dĂ©figurĂ©, JĂ©sus est devenu l’opprobre du peuple: « Iln’avait mĂȘme plus l’apparence humaine » (Is 52, 14). De mĂȘme ici au Saint Sacrement, « sans beautĂ© ni majestĂ© extĂ©rieures pour attirer l’Ɠil humain » (Is 53, 3), Il est couronnĂ© d’indiffĂ©rence, de mĂ©pris et si souvent ignorĂ©, comme s’Il n’était pas lĂ , comme s’Il n’avait pas un cƓur battant d’amour pour nous. Pourtant au-­delĂ  des humbles espĂšces de la Sainte Hostie, c’est vraiment JĂ©sus en personne, qui nous attend en rĂ©pĂ©tant son appel incessant : « Ne pouvez-­vous pas veiller une heure avec moi ? » (Mt 26, 40)

L’adoration chez les saints

Les saints n’ont jamais manquĂ© de se retrouver au pied du tabernacle pour prier: « Notre Seigneur est au ciel. Il est aussi dans son tabernacle. Quel bonheur ! » s’exclamait le saint CurĂ© d’Ars. Plus prĂšs de nous, MĂšre Teresa de Calcutta donnait ce tĂ©moignage: « Notre rĂšgle ordonnait, jusqu’en 1973, une heure d’adoration par semaine devant le Saint-­Sacrement… Nous avons beaucoup Ă  faire vu que nos maisons pour les lĂ©preux, les malades, les enfants abandonnĂ©s sont toujours au complet. NĂ©anmoins, nous maintenons fidĂšlement notre heure quotidienne d’adoration. Eh bien ! depuis que nous avons introduit cette modification dans notre emploi du temps, notre amour pour JĂ©sus est devenu plus intime, plus Ă©clairĂ©. Notre amour rĂ©ciproque est plus comprĂ©hensif, il rĂšgne entre nous une entente plus affectueuse, nous aimons davantage nos pauvres et, chose encore plus surprenante, le nombre des vocations a doublĂ© chez nous… »

« Comment ne pas ressentir le besoin renouvelĂ© de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour devant le Christ prĂ©sent dans le Saint Sacrement? Bien des fois, chers frĂšres et soeurs, j’ai fait cette expĂ©rience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » [3] .

Comment adorer le Saint-­‐Sacrement ?

« L’adoration eucharistique, c’est ĂȘtre lĂ , comme une fleur devant son Soleil. Si vous saviez quel est Celui qui vous  regarde  à  travers  ces  voiles
  Ne  faites  rien,  n’importe  !  Une  vertu  sortira  de  lui »  (Marie-­ThĂ©rĂšse DubouchĂ©).

L’adoration eucharistique ne consiste pas d’abord Ă  « aimer beaucoup » mais plutĂŽt Ă  « se laisser beaucoup aimer », surtout dans nos pauvretĂ©s et fragilitĂ©s. C’est le secret de l’adoration. Laissons le Christ continuer en nous son oeuvre de guĂ©rison et de sanctification. Il vient, non pas pour recevoir nos mĂ©rites et nos vertus, mais pour sauver et relever ce qui est blessĂ© en nous…

Il n’y a pas de mĂ©thode type pour adorer, car l’adoration approfondit notre relation personnelle avec JĂ©sus et aucune mĂ©thode ne peut provoquer l’amour. Pendant notre adoration, nous pouvons nous aider d’un livre  de priĂšre, mĂ©diter la Bible, prier le chapelet. Mais le plus important est le silence d’un cƓur Ă  cƓur avec JĂ©sus. Il se peut que nous soyons si fatiguĂ©s que nous ne voulions rien faire si ce n’est de nous reposer dans  le Seigneur en ressentant la douce paix qui provient du simple fait d’ĂȘtre en prĂ©sence de celui qui nous aime le plus, JĂ©sus au Saint-‐Sacrement, qui dit: « De toute votre inquiĂ©tude dĂ©chargez-­vous sur le Seigneur, car il prend soin de vous. C’est ma paix que je vous donne » (1 P 5, 7; Jn 14, 27).

Texte du PÚre Florian Racine (www.adoperp.fr)

[1] Benoßt XVI, Sacramentum Caritatis, n°66
[2] BenoĂźt XVI, JMJ, Marienfeld, Cologne, 2005
[3] Jean-­Paul II, Ecclesia de Eucharistia, n°25
[4] Jean-­Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 1996.

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