L’adoration eucharistique pour devenir ce que nous sommes – Père Philippe Blanc

« Nos communautés chrétiennes doivent devenir d’authentiques écoles de prière, où la rencontre avec le Christ ne s’exprime pas seulement en demande d’aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente, jusque une vraie folie du coeur » (Jean Paul II, Au début du nouveau millénaire, #33). Aujourd’hui, nous ressentons tous un désir personnel d’enracinement renouvelé en Jésus Christ à travers la prière qui est relation d’amour avec Celui qui, par amour, a tout donné jusqu’à sa propre vie.

Au coeur de cette démarche, la prière d’adoration semble répondre à une soif particulière comme si notre temps bousculé et bouleversé éprouvait le besoin vital de moments de halte, de silence, de gratuités. Prendre le temps pour regarder Dieu et se laisser regarder par Lui. L’adoration eucharistique nous conduit ainsi à ouvrir nos yeux et notre coeur sur une Présence réelle, celle du Christ vivant. Il est
là et se donne à nous, nous sommes là et nous allons à Lui.

A Paray le Monial, l’expérience et le témoignage de sainte Marguerite-Marie peuvent nous aider à vivre avec authenticité cette rencontre. En réponse au foisonnement des propositions spirituelles, elle nous invite à retrouver la source et à nous mettre simplement devant le Christ, « mon plus grand contentement est devant le Saint-Sacrement où mon coeur est comme dans son centre ». Avec elle, nous découvrons que la spiritualité du Coeur de Jésus répond à la quête moderne de l’homme. En la vivant et en retrouvant les chemins de l’adoration, nous sommes concrètement engagés dans l’oeuvre de la nouvelle évangélisation. A nous d’être des pionniers sur ce chemin ! Arrêtons-nous un instant sur cette attitude fondamentale de l’homme qu’est l’adoration, attitude qui engage tout l’homme dans sa relation avec Dieu.

L’adoration guérit nos consciences

II s’agit d’une guérison intime, d’une guérison des blessures cachées et quelquefois oubliées au plus profond de nous-mêmes. Dans un monde en perpétuelle agitation où l’activisme, la productivité et le profit sont les valeurs premières, la conscience de l’homme est perturbée. La multiplicité des slogans publicitaires, les images, les connexions virtuelles nous sollicitent à un rythme si effréné que nous en sommes comme déséquilibrés. Nous manquons de moments d’arrêt, de moments gratuits où nous laissons de côté l’auxiliaire « avoir » pour retrouver l’essentiel de « l’être », pour nous laisser établir dans la paix que Dieu nous donne par son Fils ressuscité.

« Tenez toujours votre âme en paix parmi les divers changements de la vie, et elle deviendra le trône de Dieu à qui, je crois vous plairez beaucoup, si vous retranchez tout retour et toute réflexion sur vous-même » (Sainte Marguerite-Marie). Alors que tout en moi et autour de moi m’invite à ne regarder que moi, l’adoration eucharistique m’attire vers le Tout-Autre. Elle nous permet d’être là, tout simplement, tels que nous sommes. Un face à face qui va progressivement s’orienter vers un coeur à coeur où nous retrouverons le Christ et où nous nous redécouvrirons en Lui. A ce moment, les discours font place au silence. L’objectif ? Etre, simplement !

L’adoration fait de nous des êtres transfigurés

En contemplant le Coeur de Jésus, brûlant d’amour pour tous les hommes, nous sommes enveloppés d’une lumière qui nous transfigure. Alors que l’ombre du péché nous a conduits à la caricature et à la « dé-figure », l’adoration eucharistique nous appelle à la « trans-figure ». C’est Jésus qui est la source de cette splendeur nouvelle. En nous approchant de la Lumière, nous devenons lumineux, responsables de l’illumination des autres. Tant que nous restons à l’écart, tant que nous entretenons la distance, nous nous privons de ce resplendissement et nous nous contentons d’un témoignage en clair/obscur. Or, nous sommes faits pour la Lumière !

Nous devons aussi cette lumière à nos frères et soeurs. Dans l’adoration, nous nous laissons brûler et nous devenons brûlants. « II faut que nos coeurs se consument dans cette ardente fournaise du Sacré Coeur de notre aimable Jésus, puisque, ne pouvant plus contenir ses flammes, Lui-même Il les lance avec tant d’ardeur dans les coeurs qu’il trouve disposés à brûler » (sainte Marguerite-Marie). Sommes-nous disposés à nous laisser brûler par tant d’amour ? Sommes-nous prêts à embraser le monde par un tel feu ?

L’adoration nous libère

Le mal et le péché nous tiennent en esclavage (cf Jn 8. 34) et nous continuons bien souvent à fabriquer des idoles qui répondent à nos besoins immédiats et nous procurent des refuges momentanés. Le Christ est venu pour nous libérer ! « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12)… « Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres » (Jn 8, 36).
Dans l’adoration, nous retrouvons nos racines et nous nous reconnaissons fils dans le Fils. Affranchis de la loi, nous sommes établis dans la liberté des enfants de Dieu et nous sommes libérés de nos angoisses et de nos peurs. La contemplation du Coeur de Jésus nous invite à nous ouvrir à la puissance et à la tendresse de la miséricorde et de l’amour qui se donnent pour guérir et réconcilier les mains et les pieds de Jésus sont cloués à la Croix mais son Coeur est ouvert. Seul un coeur ouvert sur Dieu et sur le monde est un coeur libre d’aimer.

L’adoration nous rend plus « humains »

« Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (Gaudium et Spes, #22). Dans la contemplation du Coeur de Jésus, l’homme devient plus homme : il est « en prise directe » avec le Christ ; vrai homme au coeur brûlant d’amour pour l’humanité. Le temps gratuit de l’adoration nous permet de ne pas nous laisser réduire à des dimensions seulement extérieures ou superficielles. Dans la contemplation du Coeur de Jésus nous revenons à la source, au modèle de tout amour vraiment humain. Si nous voulons être « à la ressemblance », il nous faut regarder le modèle. Pour nous, le modèle c’est le Christ au coeur ouvert et disponible, le Christ abandonné à la volonté de son Père. Auprès de lui nous puisons la force pour notre vie et pour notre mission dans le monde. C’est en revenant au Coeur de Jésus que nous pourrons répondre aux deux dimensions de notre vie chrétienne : le renforcement de la foi et le renouveau dans le témoignage.
Par l’adoration et la contemplation du Coeur de Jésus, nous entrons au plus intime du mystère de Dieu, mystère d’amour et d’alliance. Dans ce moment privilégié, nous sommes réellement transformés ; transfigurés par le Christ qui réalise ce que le prophète Ézéchiel annonçait : « Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair » (Ez 36, 26).

L’adoration nous fait rejoindre la tendresse de Dieu

Lever les yeux vers Celui que les hommes ont transpercé et nous laisser attirer par le Coeur de Jésus, c’est finalement découvrir l’amour miséricordieux du Père et éprouver la force de sa tendresse. « Nous approcher du Christ dans le mystère de son Coeur nous permet de nous arrêter sur ce point de la révélation de l’amour miséricordieux du Père qui a constitué le contenu central de la mission messianique du Fils de l’homme » (Jean Paul, Dives in Misericordia, #13).

L’Homme au Coeur transpercé est aussi l’Homme du don de soi, l’Homme de l’amour créateur et sanctificateur, l’Homme du pardon toujours accessible. Dans le Coeur de Jésus, Dieu se révèle à nous à la fois comme riche en miséricorde et prodigue en tendresse. Il est le Dieu-Père qui nous crée à son image et nous rappelle les exigences de notre vocation, il est le Dieu-Mère qui nous engendre à une vie nouvelle et nous redit sa confiance. Le « toucher » paternel et maternel de Dieu nous rejoint à travers le Coeur de Jésus.

« Le Sacré Coeur n’est-il pas le trône de la Miséricorde, où les plus misérables sont les mieux reçus, pourvu que l’amour les présente dans l’abîme de leur misère ? » (sainte Marguerite-Marie). Les déséquilibres qui s’enracinent dans nos coeurs sont pacifiés lorsqu’ils sont exposés au Coeur de Jésus. Contempler le Coeur du Christ, c’est répondre à notre vocation !

L’amour du Christ nous presse : allons jusqu’à Lui et, comme les Mages, prosternons-nous, adorons Celui qui nous rejoint et nous aimante à Lui. « Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie par Dieu… Vous êtes un peuple acquis pour annoncer les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 4-10).

Lorsque nous redisons « que ton règne vienne » ; nous nous engageons à la fois à contempler et à accomplir L’amour éprouvé doit devenir un amour prouvé. A travers l’adoration, notre coeur se dilate aux dimensions du Coeur du Christ. Ainsi, nous ne sommes plus à l’étroit, fermés ou repliés sur nous-mêmes, mais ouverts à l’universalité de la création et de la rédemption. Pour collaborer à l’oeuvre de Dieu, il nous faut passer par le coeur et redevenir des hommes de coeur.

« Auprès du Coeur du Christ, le coeur de l’homme apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d’une vie authentiquement chrétienne, à se garder de certaines perversions du coeur humain, à joindre l’amour filial envers Dieu à l’amour du prochain » (Jean-Paul II, Paray-le-Monial, octobre 1986).

Père Philippe Blanc (diocèse de Monaco)

 

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