Adorer à l’école de Marie-Madeleine

Adorer à l’école de Marie-Madeleine : Relevée par la miséricorde, de la contemplation à la mission. Dix leçons pour les adorateurs
Par le P. Florian Racine

Introduction :

Au 13ème siècle, on racontait l’histoirede Marie;Madeleine ainsi : Elle « naquit de parents nobles. Avec son frère Lazare et sa sœur Marthe, elle possédait la place forte de Magdala, Béthanie près de Jérusalem, et une grande partie de cette dernière ville; mais cette vaste possession fut partagée de telle manière que Lazare eut la partie de Jérusalem, Marthe, Béthanie, et que Magdala revint en propre à Marie, qui tira de là son surnom de Magdeleine. Et comme Madeleine s’abandonnait tout entière aux délices des sens, et que Lazare servait dans l’armée, c’était la sage Marthe qui s’occupait d’administrer les biens de sa sœur et de son frère. Tous trois, d’ailleurs, après l’ascension de Jésus;Christ, vendirent leurs biens et en déposèrent le prix aux pieds des apôtres.

Autant Madeleine était riche, autant elle était belle. Et elle avait si complètement livré son corps à la volupté qu’on ne la connaissait plus que sous le nom de la Pécheresse. Mais, comme Jésus allait prêchant çà et là, elle apprit un jour, qu’il s’était arrêté dans la maison de Simon le lépreux ; et aussitôt elle y courut ; elle lava de ses larmes les pieds du Seigneur, les essuya de ses cheveux et les oignit d’un onguent précieux (…) Le Seigneur dit que tous les péchés de cette femme lui étaient remis. Et depuis lors, il n’y eut point de grâce qu’il n’accordât à Marie;Madeleine, ni de signe d’affection qu’il ne lui témoignât. Il chassa d’elle sept démons, il l’admit dans sa familiarité, il daigna demeurer chez elle, et, en toute occasion, se plut à la défendre (…) Et il ne pouvait la voir pleurer sans pleurer lui;même. C’est par faveur pour elle qu’il ressuscita son frère, mort depuis quatre jours (…) Madeleine eut aussi l’honneur d’assister à la mort de Jésus, au pied de la croix (…) C’est elle à qui Jésus ressuscité apparut tout d’abord.

Après l’ascension du Seigneur, la quatorzième année après la Passion, les disciples se répandirent dans les diverses contrées pour y semer la parole divine. Et saint Pierre confia Marie;Madeleine à saint Maximin, l’un des soixante;douze disciples du Seigneur. Alors saint Maximin, Marie;Madeleine, Lazare, Marthe, Martille, et avec eux saint Sidéon, l’aveugle;né guéri par Jésus, ainsi que d’autres chrétiens encore, furent jetés par les infidèles sur un bateau et lancés à la mer, sans personne pour diriger le bateau. Mais le bateau, conduit par la grâce divine, arriva heureusement dans le port de Marseille. Là, personne ne voulut recevoir les nouveaux venus, qui s’abritèrent sous le portique d’un temple. Et, lorsque Marie;Madeleine vit les païens se rendre dans leur temple pour sacrifier aux idoles, elle se leva, le visage calme, se mit à les détourner du culte des idoles et à leur prêcher le Christ. Et tous l’admirèrent, autant pour son éloquence que pour sa beauté : éloquence qui n’avait rien de surprenant dans une bouche qui avait touché les pieds du Seigneur (…) »

Cette illustre tradition a encouragé tant de chrétiens à se plonger avec confiance dans la miséricorde divine comme l’a fait la Pécheresse. A l’école de Marie à Béthanie, ils ont ensuite appris à écouter la Parole de Dieu pour nourrir leur vie contemplative. Avec Marie de Magdala, ils sont alors devenus des témoins zélés du Christ ressuscité au milieu de nous…

Revenons aux écritures. A première lecture, rien n’indique que la Pécheresse de Lc 7 est Marie, sœur de Marthe de Béthanie, et qu’elle est aussi Marie de Magdala. Les évangiles ne sont pas des textes scientifiques et les auteurs anciens étaient moins sensibles que nous aux difficultés d’ordre littéraire des textes. On cherchait d’abord à tirer une leçon morale à partir des faits… Si quelques Pères de l’Église tels que saint Jean Chrysostome et à sa suite l’église orientale, ainsi que de nombreux exégètes modernes, préfèrent distinguer ces trois femmes, notons que la grande tradition occidentale soutient largement le contraire. Saint Augustin puis Grégoire le Grand confirment l’Église d’Occident dans l’identification des trois figures : « Cette femme, que Lc nomme une pécheresse et que Jn appelle Marie de Béthanie, c’est la même femme (Marie?Madeleine) dont Mc nous dit que le Seigneur a chassé sept démons » et à qui Jésus est apparu en premier. Mais repartons directement des saintes écritures pour mieux connaître et comprendre ce personnage qui a subjugué l’Occident depuis deux millénaires. Pour chacun des gestes de cette femme, nous essayerons de tirer une leçon particulière pour aider les adorateurs à adorer « en esprit et en vérité ».


  • Leçon 1 : dans l’adoration, se laisser toucher par la miséricorde et la tendresse divine
  • Leçon 2 : adorer à partir de l’écoute attentive de l’Évangile
  • Leçon 3 : Dieu premier servi. Adoration et charité
  • Leçon 4 : Offrir le meilleur à Notre Seigneur
  • Leçon 5 : L’adoration comme le prolongement de la messe et intensification de la foi et de l’amour
  • Leçon 6 : L’adoration, service de la personne divine de Jésus.
  • Leçon 7 : Se prosterner devant le Saint-Sacrement
  • Leçon 8 : Par la foi, toucher le Christ dans l’Eucharistie.
  • Leçon 9 : Dans l’adoration, Jésus parle au cœur. L’Eucharistie, mon unique trésor
  • Leçon 10 : Devenir missionnaire de cette présence du Ressuscité au milieu de nous.

La Pécheresse relevée par la miséricorde :

La Pécheresse dans l’évangile (Lc 7,37?50)

La scène décrite par Lc se déroule en Galilée bien avant la Passion. Jésus est invité chez Simon le Pharisien. Une pécheresse publique, une ‘courtisane’ ; rien ne dit une prostituée ; pénètre dans la maison sans avoir été invitée. Munie de parfum, elle voulait oindre Jésus sur la tête en signe de respect. Dans la tradition juive, l’onction sur la tête n’a rien d’insolite; c’était une façon assez courante d’honorer un hôte distingué. Mais voilà : en s’approchant de Jésus, en croisant son regard, elle éclate en sanglots au souvenir de ses péchés. Par inadvertance, la femme verse des larmes sur les pieds de Jésus. N’ayant point prévu cette explosion, elle ne sait comment les essuyer et dénoue sa chevelure pour s’en servir comme un linge. Puis emportée par son amour, elle baise les pieds de Jésus avant de les oindre de son huile parfumée. L’onction des pieds est un geste surprenant, extraordinaire, signe d’un très grand amour, qui n’a pas d’antécédents dans la tradition juive. La scène se clôt sur le pardon accordé.

Leçon 1 : dans l’adoration, se laisser toucher par la miséricorde et la tendresse divine

Notons l’audace du geste de la Pécheresse qui s’invite elle;même chez Simon. Notons aussi l’abondance de ses larmes qui reflète sa grandeur d’âme et l’intensité de sa contrition. A son école, l’adorateur doit audacieusement et humblement s’approcher du Seigneur exposé dans l’ostensoir. Il sera saisi par sa miséricorde. Jésus exalte le grand amour de la Pècheresse (Lc 7, 47). Grace à ses enseignements, elle se sait aimée, respectée malgré son péché. A l’inverse du Pharisien, Jésus ne l’enferme pas dans son passé : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme » (Lc 7, 39). En se laissant toucher par la miséricorde, c’est;à;dire par cet amour divin qui aime l’homme dans ce qu’il a de noble mais aussi, et surtout dans sa misère, cette femme retrouve sa dignité profonde et redécouvre son identité de fille bien;aimée du Père. Dieu le Père aime chacun de manière unique et infinie. Jean;Paul II souligne le lien profond entre l’adoration et le sacrement de réconciliation : « Ce n’est pas seulement la pénitence qui conduit à l’Eucharistie, mais c’est aussi l’Eucharistie qui mène à la pénitence »2En contemplant la sainte hostie, l’adorateur reçoit la lumière du Christ sur sa vie et fait l’expérience de la miséricorde qui le pousse à aller recevoir le pardon dans le sacrement de la miséricorde. « Comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour devant le Christ présent dans le Saint? Sacrement ? Bien des fois, chers frères et sœurs, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! »3.

Marie, sœur de Marthe de Béthanie : l’écoute de la Parole et la Contemplation

Marie de Béthanie et la résurrection de Lazare dans l’évangile (Jn 11)

Que sait;on de Marie, sœur de Marthe ? « Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare » (Jn 11, 5). Mais Jésus préférait Marie. Même si l’amour du Christ est infini pour tous les hommes, rien n’empêche Jésus d’avoir des préférences dans les amitiés. A la prière de Marthe, Jésus se présente comme la « Résurrection et la Vie ». Mais rien de plus qu’une belle leçon de théologie. Alors, celle;ci appelle Marie, qui « le voyant, tomba à ses pieds et lui dit : “Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort !” Lorsqu’il la vit pleurer, Jésus frémit en son esprit et se troubla » (Jn 11, 33). Ce sont les larmes de Marie, et non la prière de Marthe, qui poussent Jésus à faire revenir Lazare à la vie.

Marie de Béthanie aux pieds du Seigneur dans l’évangile (Lc 10,38?42)

En Lc 10, Marthe et Marie invitent Jésus à Béthanie. Marthe est préoccupée par les soucis du service alors que Marie se tient aux pieds de Jésus, écoutant sa Parole : « C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10, 42). Précisons qu’ici, Marie ne reçoit pas une connaissance supérieure, révélée dans le secret par Jésus, comme ont prétendu certaines mouvances gnostiques des premiers siècles. Marie n’est pas une grande initiée, gardant jalousement des confidences qu’elle aurait transmises à des sociétés secrètes et ésotériques. Non Marie reçoit la Parole éternelle de Jésus et apprend tout simplement le langage de l’Amour que Jésus révèle aux « pauvres de cœur ». Comme dans la parabole du semeur, le cœur de Marie est cette bonne terre dans laquelle la Parole peut porter du fruit en abondance. Cette écoute passionnée de la Parole fait entrer Marie dans la vie contemplative. Par Jésus, elle découvre le visage du Père et peut se plonger dans l’Amour divin. Voilà sa joie : aller puiser à la source de la miséricorde, dans le Cœur de Jésus, la paix du cœur et le sens de la vie.

Leçon 2 : adorer à partir de l’écoute attentive de l’Évangile

Jésus, Parole éternelle du Père, s’est incarné il y a 2000 ans. Le Verbe prolonge son incarnation aujourd’hui dans l’Eucharistie. Là, Jésus actualise tous les mystères de sa vie terrestre pour que nous puissions y prendre part. Tout ce que Jésus a fait ou dit dans les évangiles il y a 2000 ans, Jésus le fait et le dit de nouveau au Saint;Sacrement pour nous qui vivons au 21ème siècle. Le même Seigneur que Marie écoutait attentivement est vraiment présent pour nous sous les apparences du pain. Ce qu’il dit au cœur de Marie, Jésus le dit de nouveau à notre cœur. Saint Pierre;Julien Eymard disait : « Si vous lisez l’Évangile, transportez?le en l’Eucharistie, et de l’Eucharistie en vous. Vous avez alors une bien plus grande puissance. L’Évangile s’illumine, et vous avez sous les yeux et réellement la continuation de ce que vous y lisez… ». Que l’adorateur imite Marie aux pieds de Jésus en écoutant attentivement sa Parole. Jésus lui révèlera sa volonté et lui donnera la grâce de l’accomplir. Dans l’adoration, le chrétien apprend à se décentrer de lui;même pour se centrer sur le Christ. A l’inverse de Samuel qui disait « Parle, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9), l’adorateur est souvent tenté de dire dans sa prière : « Ecoute, Seigneur, ton serviteur parle… »

Leçon 3 : Dieu premier servi. Adoration et charité

Dans Lc 10, Marthe est présentée comme la maîtresse de maison. Elle veut accueillir ses hôtes – Jésus et les disciples – dans les meilleures conditions. Cette marque évidente de la charité de Marthe ne sera pas reprochée par Jésus. Sa sœur Marie choisit de servir Jésus lui;même en étant toute attentive à sa présence et en écoutant sa Parole. Elle offre ce moment pour être toute à Jésus. Cette autre expression de la charité se porte directement sur la personne divine de Jésus. Celui;ci la félicite en montrant que le service de Dieu doit toujours précéder le service du prochain, même si les deux sont intrinsèquement liés. Dieu premier servi ! Les deux commandements de l’amour (l’amour de Dieu et l’amour du prochain ; cf. Mt 22, 27;29) sont mis en application par les deux sœurs. Marie aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit, en ‘brûlant’ un peu de son temps pour le Seigneur. C’est la prière contemplative. Marthe aime ses proches de toutes ses forces en les servant de son mieux. C’est la charité envers le prochain. Le double commandement trouve son unité et sa source en la personne divine de Jésus, à la fois vrai Dieu et vrai homme. Aujourd’hui, l’Eucharistie contient la personne divine de Jésus. De ce foyer de charité, l’amour divin vient renouveler l’amour humain. « La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète. Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action. La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable… »4

Leçon 4 : Offrir le meilleur à Notre Seigneur

La liturgie utilise des signes sacrés qui ont non seulement une valeur éducative, mais qui affermissent aussi la foi en nous donnant accès à la divinité du Christ et à son œuvre de salut. Bien que le Christ se soit toujours dépouillé et continue de la faire en choisissant la pauvreté d’une petite hostie pour se donner aujourd’hui, les signes liturgiques, comme l’encens, l’ostensoir, les ornements sont l’expression de l’amour et de la piété du peuple de Dieu qui veut offrir ce qu’il a de meilleur pour son Seigneur et Sauveur. Donner le plus beau et le plus digne pour le Seigneur permet de renouveler le geste de Marie- Madeleine qui verse un parfum de très grande qualité sur Notre Seigneur en signe de son très grand amour. « En vérité je vous le dis, partout où sera proclamé cet Evangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire » (Mt 26, 15). Le parfum qu’elle déverse sur Jésus valait 300 deniers, soit l’équivalent d’une année de salaire. Elle ne compte pas ce qu’elle donne au Seigneur, car rien ne peut se comparer au don de la miséricorde qu’elle a reçu. Rien non plus ne peut se comparer à la présence incarnée de Dieu en Jésus-Christ qui vient la visiter. De même, rien ne sera assez beau pour notre Seigneur Jésus, vraiment présent dans le Sacrement de son Amour, source de toute Miséricorde.

La double onction à Béthanie dans l’évangile (Mt 26,6?13 ; Mc 14,3?9 ; Jn 12,1?8). Identification entre la Pécheresse et Marie de Béthanie

Les passages décrits en Mt 26, Mc 14 et Jn 12 évoquent le même événement qui se déroule une semaine avant la mort de Jésus, dans le village de Béthanie. Simon le lépreux (différent du Simon de Lc 7, 37) organise un repas. Marthe, Marie, Lazare et les disciples sont présents. Avec Augustin, pourquoi ne pas penser que les deux onctions (tête et pieds) ont été faites successivement. Marie « oignit la tête de Jésus suivant l’usage ordinaire (Mt et Mc), puis comme il restait du parfum, elle oignit ses pieds (Jn) » (Lagrange). Cette solution est la seule acceptable, car l’onction sur la tête n’a rien d’insolite. Si l’onction n’était que sur la tête, on comprendrait mal l’éloge en Mc 14, 9. L’onction sur la tête évoque la dignité royale. Mais Mc interprète l’onction comme une anticipation de la sépulture, ce qui ne se comprend pas si l’onction est seulement sur la tête. Elle doit avoir été faite aussi sur les pieds.

Il n’empêche qu’en Jn, l’onction sur les pieds reste suprêmement étrange. Pourquoi oindre les pieds ? Pourquoi les essuyer de ses cheveux et non avec un linge, ce qui serait plus logique ? Il faut rejeter l’opinion si courante aujourd’hui qui ferait du récit de Jn un amalgame malheureux de plusieurs traditions hétérogènes. Non en soi, l’onction de Jn est incompréhensible. Mais elle devient intelligible que mise en rapport avec un événement antérieur, celui de Lc 7. Les ressemblances de Lc et Jn, comme dit Augustin, fournissent en partie la clé de l’énigme. Il y a bien eu deux onctions distinctes faites par la même femme qui, à Béthanie, a voulu répéter les gestes intimement liés au moment décisif de sa conversion. « Deux actions distinctes, mais un seul cœur pour les concevoir » (Lacordaire). A Béthanie, il n’y a pas eu de larmes de repentir, et si la femme essuie les pieds de Jésus qu’elle vient d’oindre, ce n’est que pour refaire ce qu’elle fit lors de sa conversion. D’ailleurs, le parfum de Jn est de grande qualité (et non celui de Lc) car le cœur de la femme est brûlant d’amour et rempli de gratitude. Il donne royalement.

D’ailleurs, Jn 11, consacré à la résurrection de Lazare, achève de nous convaincre. Il est écrit que Marie est « celle qui oignit le Seigneur de parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux » (Jn 11, 2). Les verbes mis au passé ne peuvent évoquer l’onction de Jn 12, mais seulement celle de Lc 7.

Notons enfin que Jésus se fait toujours l’avocat (contre Simon le Pharisien, Marthe et Judas) de cette humble femme merveilleusement retournée par la grâce divine.

Leçon 5 : L’adoration comme le prolongement de la messe et intensification de la foi et de l’amour

Pour Benoît XVI, « l’acte d’adoration en dehors de la messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la célébration liturgique elle?même »5La Pécheresse a fait une expérience intense de la miséricorde aux pieds du Seigneur. Elle est entièrement pardonnée par Jésus (cf Lc 7). En Jn 12, elle refait, non plus dans les larmes de repentir, mais dans l’amour et dans l’action de grâce, les gestes intimement liés à sa conversion. A Béthanie, elle prolonge et intensifie avec un parfum de grande qualité ce qu’elle a fait plus tôt en Galilée. De la même manière, la messe rend présente et efficace toutes les grâces de la Rédemption. Elle actualise la transformation que Jésus a opérée sur la croix : la haine changée en amour et la mort vaincue par la vie. L’infinie richesse du sacrifice du Christ, rendue présente à la messe, pénètre les profondeurs de l’âme. L’Église encourage vivement les fidèles à prolonger cette expérience dans le silence et la contemplation : c’est l’adoration eucharistique après la messe. Non seulement cette prière prolonge ce qui est célébré. Plus encore, par sa foi qui le pousse à aller devant le tabernacle, l’adorateur intensifie en lui cette grâce en restant longuement par amour aux pieds du Seigneur. L’adoration eucharistique est un acte de gratitude et de reconnaissance pour le don de la sainte Messe.

Leçon 6 : L’adoration, service de la personne divine de Jésus.

Jésus demeure au Saint;Sacrement pour nous donner le privilège de l’approcher personnellement comme tant de personnes ont pu le faire il y a deux mille ans en Galilée et en Judée. Par notre adoration, nous pouvons aimer Jésus aujourd’hui, comme les humbles bergers de Bethléem, comme les mages qui ont apporté leurs présents, ou comme Marie de Béthanie qui a déversé le nard très pur sur la tête du Christ… Adorer l’Eucharistie, c’est servir aujourd’hui la personne divine de Jésus, comme les disciples l’ont fait en leur temps. Dans ce sens, saint Jean Chrysostome disait : « Combien disent : je voudrais voir sa figure, ses traits, sa beauté… Mais, dans l’Eucharistie, c’est lui?même que vous voyez, lui?même que vous touchez, lui?même que vous mangez. Pensez?y et adorez, car c’est le même qui est aux Cieux et que les anges adorent ! »6

Aussi, en adorant, nous rendons un service éminent à l’humanité : « Par l’adoration, le Chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile. Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève à Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne le connaissent pas ou ceux qui sont loin de lui ; ils veillent devant lui, en leur nom… »Sur la croix, Jésus a pris notre place. Nous prenons la place de celui qui a le plus besoin de la miséricorde divine en allant à Jésus dans une heure sainte. Notre adoration fait descendre le précieux sang de Jésus sur cette personne. Elle obtient les grâces nécessaires pour revenir à Dieu. Dans l’Eucharistie, Jésus dit : « C’est la volonté de mon Père qu’aucun ne se perde » (Jn 6, 39).

En cette période d’activité fébrile, l’Église attache une grande importance à l’adoration comme activité pastorale authentique. Dans un monde bruyant où le temps est précieux, le temps que nous donnons à Jésus peut se comparer au flacon d’albâtre de l’Evangile. Marie de Béthanie apporta un parfum pur de grand prix à Jésus. Au lieu de le garder pour elle;même, elle le donna à Jésus. De même pour nous, au lieu de garder une heure de notre temps pour nous, nous pouvons la donner à Jésus dans la prière. Et Judas dit : « ceci est un gaspillage » comme le monde nous dit que le temps passé devant le Saint;Sacrement est un gaspillage, une perte de temps. Et Jésus répliqua à Judas : « Laisse?là tranquille. C’est une bonne œuvre qu’elle accomplit pour moi. En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé l’Évangile, au monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire. » (Mc 14,9) De même, chaque heure sainte que nous passons avec Jésus sera louée pendant toute l’éternité à cause de la gloire qu’elle donne à la personne divine de Jésus et des grâces qui en découlent pour l’humanité. Les mots sont incapables d’exprimer la valeur d’une seule heure sainte d’adoration et ce que l’Eucharistie représente dans toute sa plénitude. L’adoration a une plus grande valeur spirituelle que la plus intense des actions, même l’action apostolique. Le Pape Paul VI disait : « L’Eucharistie est d’une efficacité suprême pour la transformation du monde en un monde de justice, de sainteté et de paix »8.

Leçon 7 : Se prosterner devant le Saint?Sacrement

Marie;Madeleine a passé son temps aux pieds de Jésus. C’est là qu’elle avait trouvé sa vraie place. C’est là qu’elle reçoit la miséricorde divine, qu’elle écoute la parole, qu’elle aime le Seigneur dans la reconnaissance.

Le monde a perdu le sens de l’adoration. Il a perdu le sens de l’agenouillement. L’homme n’est grand qu’à genoux, en adoration devant Dieu. L’humanité qui veut rester debout, dans sa présomption, dans son orgueil, dans son autosatisfaction, qui ne sait plus s’agenouiller, a perdu le sens de l’essentiel. Se mettre dans l’agenouillement intérieur, physique aussi, devant Dieu, est l’attitude fondamentale du cœur de l’homme. L’adoration eucharistique vient guérir l’humanité de cette blessure secrète qui s’enracine dans le péché originel et qui est le refus de s’agenouiller devant Dieu, devant celui de qui tout vient. S’agenouiller est le remède le plus valable et radical contre les idolâtries d’hier et d’aujourd’hui. « S’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté : celui qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun pouvoir terrestre, aussi fort soit;il. Nous, les chrétiens, nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint;Sacrement, parce qu’en lui, nous savons et nous croyons qu’est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l’a tant aimé au point de lui donner son Fils unique (cf. Jn 3, 16). Nous nous prosternons devant un Dieu qui s’est d’abord penché vers l’homme, comme un Bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner vie, et il s’est agenouillé devant nous pour laver nos pieds sales (Benoît XVI, Homélie pour Corpus Domini, 22 mai 2008.)

L’étymologie latine du mot « adoration » est « ad os », soit « vers la bouche », ce qui renvoie au baiser, et en définitive à l’amour. Adorer, c’est remettre sa vie au Seigneur ; c’est l’embrasser, car il nous aime tels que nous sommes. Là, nous osons l’approcher avec la révérence de notre corps, la lumière de notre foi et l’amour de notre cœur. Puisque l’amour tend toujours à s’abaisser et que le Seigneur se fait si petit dans l’hostie sainte, l’adorateur est invité à s’abaisser devant la majesté divine à l’exemple de Marie;Madeleine. Un des remèdes contre la tiédeur et l’aridité spirituelle dans la prière est la qualité de la position du corps. Voici une bon conseil pour adorer : commencer l’adoration à genoux, si possible en se prosternant jusqu’au sol pendant quelques instants. Rester dans cette position à genoux. Si la position devient pénible, s’asseoir ! Ne pas hésiter à se remettre à genoux par intermittence pour remettre son cœur en adoration si les distractions nous éloignent de la prière. Terminer l’adoration dans la position que l’on a prise au début.

Marie de Magdala, premier témoin de la résurrection et « apôtre des apôtres ».

Marie de Magdala dans l’évangile (Jn 20, 11?18). Identification entre Marie de Magdala et Marie de Béthanie

Magdala est un bourg situé en Galilée au nord de Tibériade. Les évangiles citent souvent le nom de Marie (l’autre Marie, la femme de Clopas, mère de Jacques…), mais rien ne permet ici d’identifier clairement Marie; Madeleine avec Marie de Béthanie. Recherchons des indices convergeant qui montrent que ces deux Maries sont la même personne.

  • 1er indice en faveur de l’identification : Marie;Madeleine (de Magdala) vient faire l’onction pour l’ensevelissement (Jn 20), mais elle ne peut le faire car le tombeau est vide. Cependant l’onction de Béthanie est un prélude à cette onction : d’après Jésus, cette onction est une anticipation de sa sépulture. L’onction des pieds d’un homme vivant (Jn 12) est sans précédent. Ce geste en soi insensé, se comprend bien que comme le commencement d’un acte funéraire sur le cadavre tout entier. Jésus dit littéralement : « Laisse?là garder ce parfum pour le jour de ma sépulture ». Le jour de sa sépulture coïncide avec l’onction de Béthanie. Dans Jn, les discours expliquent les évènements : les actes sont des paroles et les paroles sont des actes. La prophétie de Jésus sur son ensevelissement attribue à Marie l’intention d’accomplir l’onction.
  • 2ème indice : D’après Lc 8, 2?3, Marie;Madeleine faisait partie du groupe de femmes qui subvenait aux besoins de Jésus et des disciples. La vive réaction de Judas en Jn 12, 4 montre que celui;ci s’attendait à recevoir le parfum de Marie de Béthanie pour le vendre et en garder un profit personnel.
  • 3ème indice : Phénomène littéraire étonnant entre le Cantique des cantiques et Jn 12 et 20. Jn 20,11?18 se rapproche de Ct 3,1?4 où la bien;aimée cherche son bien;aimé. Le parfum de Jn 12, 3 introduit le parallèle avec Ct 1, 12 en évoquant la scène remplit de parfum qui exprime l’amour. Le contact littéraire de Jn 12, 3 avec le Cantique nous confirme dans la conviction que Jn 20, 11?18 se réfère pareillement au même poème d’amour, et il se trouve que, de cette façon, Marie de Béthanie et Marie;Madeleine ont en commun d’évoquer l’une et l’autre l’Épouse du Cantique des cantiques.

A partir de l’évangile, identification entre Marie de Magdala et la Pècheresse de Lc 7.

4ème indice : Lc 8, 2 nous apprend que de Marie;Madeleine étaient sortis sept démons. L’influence diabolique s’étend bien au delà des cas de possession proprement dits. C’est pourquoi, « être libérée de sept démons » ne veut pas nécessairement dire être au préalable « possédée », mais elle était sous influence mauvaise et poussée au péché. Rien n’empêche de l’identifier avec la femme de mauvaise vie de Lc 7.

5ème indice : L’enseignement de la Parabole des deux débiteurs (Lc 7,40?43) rappelle que l’amour résulte du pardon et est au prorata du pardon obtenu. Mais Jésus conclut : « Ses nombreux péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé. » (Lc 7, 47) Attention ce verset ne dit pas : « puisqu’elle a beaucoup aimé, c’est qu’antérieurement ses nombreux péchés lui avaient été pardonnés » (échappatoire incorrect). La leçon de Jésus concernant la parabole ne peut être que l’amour de la pécheresse aurait été la cause du pardon de Jésus, puisque la cause première du pardon obtenu est toujours la grâce et la miséricorde divine. Mais Lc montre que l’amour de la femme accompagné d’un vif repentir de ses fautes lui a permis de recevoir de Dieu un pardon proportionné à cet amour repentant. D’où vient cet amour pour Jésus, antérieure à la scène chez Simon ?

La plus vraisemblable réponse est que Marie;Madeleine venait d’être délivrée des sept esprits mauvais (Lc 8,2) ! Le Christ l’en avait délivrée et elle vient le remercier. C’est peut;être d’abord pour le remercier de cet immense bienfait qu’elle s’est sentie poussée à le trouver chez Simon. Ce n’est qu’à ses pieds qu’elle fond en sanglots à cause de sa vie scandaleuse encore toute proche et qui lui obtient le pardon de ses péchés.

6ème indice : « Ne me touche pas » (Jn 20, 17). Ce n’est pas simplement parce qu’elle ne doit pas le retenir, mais l’état nouveau où il est entré par la résurrection n’autorise plus les mêmes rapports familiers qui étaient permis avant sa mortIl faut que son corps glorifié remonte vers le Père pour dispenser la plénitude de l’Esprit, cela par le moyen des sacrements. Marie pourra de nouveau avoir des contacts avec Jésus, quand il reviendra à elle, comme à tous les fidèles, sous la forme de son corps spiritualisé (eucharistique).

Leçon 8 : Par la foi, toucher le Christ dans l’Eucharistie

Ce que Jésus a commencé dans l’évangile pour ses contemporains est prolongé aujourd’hui pour nous dans le Sacrement de l’Eucharistie. Si Jésus a libéré Marie;Madeleine de ses démons, certainement que le Christ dans la sainte Hostie libère aussi l’adorateur de ses inclinations au mal. Plus encore, beaucoup d’adorateurs ont témoigné d’une libération de liens avec les esprits occultes ou de toutes formes d’infestations démoniaques. Libéré des différentes formes d’emprises maléfiques par le Christ, l’adorateur l’aimera davantage. Comme pour Marie;Madeleine, sa contrition sera plus vive car son cœur plus libre et plus conscient de son besoin sans cesse renouvelé de la miséricorde. Celle;ci sera plus efficace en lui et la guérison descendra plus profondément en son cœur.

A la résurrection, Jésus interrompt les relations familières d’autrefois (le voir de ses yeux, le toucher, le servir matériellement). Désormais ses rapports avec ses disciples sont de nature toute différente. Aussi, en disant « Toute la foule cherchait à le toucher parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous », l’évangéliste montre que le contact physique était accompagné d’un contact spirituel pour être efficace. En Jn 20, 17 (« cesse de me toucher » ou « ne me retiens pas »), le contact avec le Christ est toujours salvifique, mais désormais d’ordre purement spirituel puisqu’il a pour prélude indispensable la montée du Christ vers son Père. C’est le contact assuré par les sacrements qui présupposent le préalable de la foi pour être efficace. Lacordaire précise : « Jésus ne veut pas que Marie approche de lui ces mains qui ont autrefois embaumé ses pieds et sa tête. Pourquoi cette austérité imprévue, et comment la résurrection peut?elle restreindre l’ancienne familiarité d’une tendresse éprouvée ? C’est que Jésus n’est plus ce qu’il était. Il est entre le ciel et la terre allant au Père, et ce n’est plus que là, où toute chair sera transformée comme la sienne, qu’il veut être touché et possédé par les siens. Il donne à Marie?Madeleine, en cette leçon sévère un indice qu’il faut tendre plus haut et que désormais Béthanie est au sein du Père. » L’Eucharistie est le pain vivant descendu du ciel où Jésus nous conduit au cœur du Père : « C’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous »9.

Si intimes seront les nouvelles relations avec Jésus, qu’après l’Ascension, Marie;Madeleine et les disciples lui seront unis d’une manière susceptible d’être présentée comme un véritable toucher. Grâce à l’Eucharistie, le Christ ne sera pas un souvenir du passé, mais il sera aux siens plus que jamais présent. Lui qui est vraiment ressuscité leur sera présent plus efficacement que lorsqu’il était sur la terre… Grâce à l’Eucharistie, il se laissera toucher par la foi et l’amour. Il sera possible de demeurer en lui, vivre par lui, être par lui relié au Père. De même Jésus veut dire à Marie;Madeleine : quand je serai monté auprès du Père alors sera comblé le désir de ton cœur de me « toucher » et de me rencontrer. Tu pourras avec moi et par moi monter auprès du Père, car « le Père cherche des adorateurs qui adorent en esprit et en vérité ».

Leçon 9 : Dans l’adoration, Jésus parle au cœur. L’Eucharistie, mon unique trésor

Que penser des deux retournements successifs de Marie;Madeleine (Jn 20, 14 et 16) ? Citons St Augustin : « Comment cette femme qui s’était d’abord retournée pour voir Jésus, lorsqu’elle le prit pour le jardinier et qu’elle s’entretint avec lui, se retourna?t?elle de nouveau d’après le récit de l’évangéliste pour lui dire : « Rabouni, Maître ? » En se retournant d’abord extérieurement, elle prit Jésus pour un autre, mais lorsqu’elle se tourna vers lui par le mouvement de son cœur, elle le reconnut pour ce qu’il était réellement. » Pour Lacordaire, l’emploi du prénom parle directement au cœur et permet à Marie d’accéder à la foi pascale : « Marie ! Oh quel accent eut ce mot : accent de reproche, parce que Madeleine n’avait pas reconnu Jésus, accent de révélation par le reproche… Ici?bas, même que notre nom est doux dans la bouche d’un ami, et qu’il va loin au fond douloureux de notre être ! Marie Madeleine entendit l’amour de son Sauveur, et dans cet amour elle le reconnut : Maître, dit elle. Un mot avait suffi… Plus les âmes s’aiment, plus leur langage et court ». Pour adorer le Saint;Sacrement, il faut aussi une double conversion. D’abord, c’est l’appel de l’Eglise, souvent à travers un témoignage ou une prédication qui nous invite à aller adorer. C’est un appel extérieur, qui suscite la curiosité, mais qui ne suffit pas. Dans un 2ème temps, celui qui va adorer entend l’appel du Christ lui;même qui s’adresse au secret de son cœur. Jésus appelle par le prénom. Il touche le cœur. L’adorateur sait que Jésus est là. Rien ne pourra désormais le détourner de son amour, de sa présence.

Notons que Marie pleure comme une madeleine ! Elle pleure sur les pieds de Jésus car elle s’était perdue par ses péchés. Ensuite, elle pleure Lazare qu’elle a perdu. Enfin elle pleure Jésus au tombeau vide qu’elle a aussi perdu. Grace à Jésus, elle se retrouve en recevant la miséricorde ; elle retrouve son frère qui revient à la vie, lui qui est la Résurrection ; et elle retrouve Jésus, qui est passé par la mort et lui apparaît sous un autre mode. Grace à l’Eucharistie, nous vivons ce triple recouvrement : nous nous retrouvons en redécouvrant notre identité et notre dignité profondes par l’expérience de la miséricorde. Ensuite, Jésus nous fait entrer dans la communion des saints qui nous unit à nos frères défunts. Enfin Jésus, bien que caché sous les apparences du pain, reste « parmi nous jusqu’à la fin des temps » en se donnant jour et nuit dans le sacrement de son Amour. « Heureux l’âme qui sait trouver Jésus en l’Eucharistie et en l’Eucharistie toute chose » (St Eymard) !

Leçon 10 : Devenir missionnaire de cette présence du Ressuscité au milieu de nous.

L’adorateur qui a contemplé le Christ ressuscité dans l’Eucharistie doit aussi devenir missionnaire. Marie; Madeleine a courageusement annoncé aux apôtres : Le Christ est ressuscité ; il est vraiment ressuscité. L’adorateur, dans le même élan doit dire : Le Christ est ressuscité. Il est ‘vraiment’ ressuscité. L’adjectif ‘vraiment’ indique le lieu de sa présence permanente : l’Eucharistie. Le Ressuscité est ‘vraiment’ présent parmi nous dans l’Eucharistie pour déverser la puissance de sa résurrection.

On ne peut véritablement atteindre Jésus que par la foi. Or « la foi nait de la prédication. Comment croire sans prédicateurs » (Rm 10, 14) ? « Marie Madeleine se tenait en pleurant près du tombeau » quand Jésus lui demanda : « Femme, pourquoi pleures?tu ? Qui cherches?tu ? » (Jn 20 11?15) Jésus se tenait juste là, et pourtant elle ne le reconnaissait pas. De même aujourd’hui Jésus est juste là au Saint;Sacrement, et tant de personnes ne savent pas qu’il est là. Le nom d’apôtre revient à celui qui a rencontré le Christ. Puisque dans l’Eucharistie nous rencontrons le Ressuscité, nous devenons des apôtres. Avec Marie;Madeleine, annonçons à nos frères la Bonne Nouvelle de sa présence permanente au milieu de nous dans l’Eucharistie. Il est notre compagnon de route qui dit « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » « De toute votre inquiétude, déchargez vous sur le Seigneur car il prend soin de vous. C’est ma paix que je vous donne »…

Conclusion

Terminons par une réflexion du Père Lacordaire : quelle joie et quel profit que de contempler « dans l’unité d’une même gloire la pécheresse pleurant aux pieds de Jésus et les essuyant de ses cheveux, la sœur de Lazare assistant à la résurrection de son frère, l’amie fidèle debout à la passion et à la mort de son Bien?aimé, le suivant au tombeau et méritant de voir la première les splendeurs de sa résurrection ! Toute division de cette gloire est chimérique ».

Celle qui a été saisie par la miséricorde divine retrouvant ainsi la paix du cœur, celle qui a su témoigner de beaucoup d’amour pour Jésus, la voilà devenue la grande contemplative de Béthanie. Le Ressuscité la récompense par le privilège d’être la première mortelle à qui il est apparu. Voulant le retenir, Jésus l’envoie aux apôtres annoncer sa victoire sur la mort. Marie;Madeleine nous invite à gravir la même ascension spirituelle en trois temps : de l’expérience de la miséricorde à la contemplation pour la mission… Mettons; nous à son école et allons rencontrer le même Jésus qui se donne aujourd’hui dans l’Eucharistie pour nous toucher de sa miséricorde, pour nous libérer de nos penchants mauvais, pour parler à notre cœur et pour contempler, par lui, Dieu notre Père. C’est lui qui nous envoie avec la force de son Esprit annoncer que Jésus est vraiment ressuscité. Il nous attend dans le Sacrement de son Amour… Voilà l’itinéraire d’une pécheresse qui est devenue disciple en se mettant au pied du Seigneur puis apôtre en annonçant la résurrection. Puisque ce chemin a été tracé par Marie;Madeleine, pourquoi ne pas la suivre dans cette ascension spirituelle. Marie; Madeleine personnifie le cœur généreux mais blessé, qui se laisse toucher, guérir et remplir par l’amour. Fort de cet amour, elle vivra pour annoncer et faire connaître cet amour.

1 Jacques Voragine, « Légende dorée », 1255.
Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980.
Jean-Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n°25, 2004.
4 Benoît XVI, Lettre encyclique Deus Caritas est, 2006, n° 36.
5 Benoit XVI, Lettre encyclique, ‘Le Sacrement de l’amour’, n° 66, mars 2007.
6 Saint Jean Chrysostome, Homélie sur saint Matthieu, 82, 4.
7 Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau pour le 750e anniversaire de la Fête-Dieu, 28 juin 1996.
8 Paul IV, discours du Saint Père pour l’inauguration des Oeuvres sociales eucharistiques internationales à Dos Hermanas, 1994.
9 Paul VI, ‘Profession de foi catholique’, 1968.

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