L’adoration eucharistique (3/3) : Un mystère de communion – Nicolas Buttet

Nicolas Buttet  – prêtre catholique suisse, fondateur et modérateur de la fraternité Eucharistein

Mystère du regard (IEV n° 186), nous situant à la source d’où jaillit l’eau vive, le cœur ouvert de Jésus (IEV 187), l’adoration eucharistique nous met également en communion avec l’humanité tout entière en attente du salut.

L’adoration, même si elle est personnelle, n’est pas un « entre-soi » entre Dieu et moi. Elle ne peut pas ne pas être « communionnelle ». L’adoration eucharistique prolonge l’action de grâce pour la communion qui a été vécue et prépare à la communion suivante. Elle est mystère d’une communion perpétuelle. Qui dit communion dit union à Dieu et communion entre nous. On ne peut pas communier au corps du Christ sans communier aux frères et sœurs. Cela peut être une tentation, aujourd’hui, d’adorer « pour soi ». Or, en allant adorer Jésus au Saint-Sacrement, on pose un acte ecclésial par excellence. En adorant seul le Saint-Sacrement, je « mets en branle » l’univers entier, l’humanité entière. Comme disait le père Julien Eymard : « Je fais travailler Jésus au Saint-Sacrement. » Je permets le rayonnement de la grâce. Le prophète Malachie dit : « Le soleil de justice brillera, portant la guérison dans ses rayons. » Ce soleil de justice qui brille, c’est Jésus hostie, et la guérison qu’il apporte concerne l’humanité tout entière souffrante et blessée, au purgatoire et sur la terre. C’est tout le mystère de l’Eglise qui est là.

Une irradiation d’amour

A l’adoration eucharistique, je m’unis à l’Eglise triomphante présente, rassemblée autour de l’Agneau et se prosternant devant Lui (cf. Ap 5). Je porte avec elle l’Eglise souffrante et militante. Je suis au cœur même de la rédemption du monde que Dieu a voulu opérer dans le Christ, tête et corps, c’est-à-dire Jésus en personne et son Eglise. On est à une charnière de la communion : le rayonnement de Jésus dans l’Eucharistie dépasse les frontières de l’Eglise, des pays et va rejoindre dans les endroits les plus secrets, les plus souffrants et tragiques, les cœurs et les âmes ouverts, le connaissant ou non. Du seul fait du Saint-Sacrement exposé, se produit une irradiation de l’Amour de Dieu guérissant.

Dieu veut toujours associer l’homme au mystère de l’œuvre de sanctification, à la diffusion de sa grâce et l’adoration eucharistique est l’une des manières par laquelle il opère cette rédemption.

Les Moïse de ce monde

Sœur Faustine disait que quand elle communiait, il lui semblait que le salut de l’univers entier ne dépendait que d’elle. Une fois qu’elle avait reçu Jésus en elle, elle ne faisait plus qu’un avec lui, l’unique Rédempteur et médiateur entre Dieu et les hommes. Or, Jean-Paul II dit que

« Quand nous adorons le Saint-Sacrement, nous effectuons une communion spirituelle ». On est en droit de penser que « la valeur de grâce » d’une telle communion est plus grande qu’une communion faite sans ferveur et sans désir. Quand j’adore, par le désir que j’ai que le Christ soit connu, aimé, loué et servi dans le monde, par le désir ardent que j’ai que toute l’humanité soit sauvée, je permets à Dieu d’opérer le miracle de la rédemption et de la sanctification. Et cela, c’est extraordinaire ! Nous sommes les sentinelles, les veilleurs, devant le Saint-Sacrement, du salut du monde. Ainsi, nous permettons à Dieu d’opérer ce qui lui tient tellement à cœur : qu’aucun homme ne se perde, que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Je suis là en ambassade de l’humanité devant le Christ dans l’eucharistie, un peu comme Moïse intercédant pour le peuple sur la montagne. Lorsque Moïse baissait les bras, le peuple perdait ; lorsqu’il levait les bras, le peuple gagnait. C’est ce qui se passe à l’adoration. Nous sommes les Moïse de ce monde. Devant les combats que mène le monde, devant la guerre, la violence et le combat spirituel dont les autres ne sont qu’un pâle reflet, nous sommes Moïse sur la montagne devant le buisson ardent (l’eucharistie) qui intercède pour l’humanité entière.

Au cœur du monde nouveau

A l’adoration, on est désapproprié de soi. On échappe ainsi à l’individualisme ambiant. Je vois au-delà de mon moi, de mes problèmes, des frontières de l’Eglise, des frontières de ma famille, de mon pays, l’humanité que Dieu a tant aimée qu’il a envoyé son Unique non pas pour la juger mais pour qu’elle soit sauvée.

N’est-ce pas une motivation énorme pour aller à l’adoration que de se rendre compte qu’il n’y a plus que moi qui suis en cause ? J’y vais désormais parce que l’humanité continue de souffrir et je ne peux pas baisser les bras tant que le Christ est les bras en croix sur la terre, à travers tous ceux qui souffrent.

L’adoration prend alors tout son sens et l’on comprend pourquoi elle est au cœur du monde nouveau.

QUESTION : Que « faire » à l’adoration ?

Charles de Foucauld disait : « Quelle joie, mon Dieu ! de pouvoir passer 18 heures devant toi, en n’ayant rien d’autre à faire que te dire que je t’aime, ô Jésus, ma joie ! » Saint Julien Eymard dit quant à lui : « Quand vous allez adorer, ne commencez pas par lui parler de vous. Il sait tous vos problèmes, vos difficultés. Commencez par lui parler de lui. » « Tu es là, merci ! Quelle joie de te voir Jésus ! Tu m’as réservé une place au ciel, en ce moment ! Merci pour ta maman qui est là… » Autour du Saint Sacrement, Marie, les Anges, tout le Ciel est là puisque le Ciel, c’est Dieu, que le Ciel est en Dieu et que Dieu est là. L’adoration est le lieu de ce qu’on appelle les oraisons jaculatoires. « Seigneur, je t’aime, Seigneur, je t’adore, etc.

» Puis, on laisse descendre cette phrase au fond de notre cœur. Et une fois que l’imagination part ailleurs, on peut en dire une autre. Parfois, je dis beaucoup de phrases pour ne pas que ma pensée soit occupée ailleurs et d’autres fois, je n’en dis que très peu.

L’adoration est un mystère d’amour : deux amoureux qui se regardent dans les yeux n’ont pas à se dire grand chose. Ils s’admirent, ils se plaisent, ils se chérissent et leur regard en dit plus long que tous les mots de la terre. De temps en temps, ils disent : « Tu sais, je t’aime. Tu es beau. Tu es un trésor pour moi. Si je ne t’avais pas rencontré, je serai mort… » Pas besoin d’être Verlaine, pour parler à celui qu’on aime ! Ne prenons pas de livre. Parlons-lui pauvrement. Il préfèrera nos pauvres mots maladroits que les plus beaux textes du monde. Car ce que veut Jésus, ce sont des mots d’amoureux. Et même si l’amoureux n’est pas Verlaine, il est heureux.

Enfin, dans l’adoration, on peut, par le regard et par le cœur, plonger dans l’océan de miséricorde qu’est le cœur du Christ.

P. Nicolas Buttet, article paru dans la revue « Il est Vivant »

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